jueves, 27 de noviembre de 2008


Mercredi 12 novembre
Karem Aguire nous rejoint en bus pour une semaine. Etudiante de l’Universidad Peruana Cayetano Heredia à Lima, Karem avait déjà participé à une partie de l’expédition de 2007 et entame un master avec comme sujet de recherche la taxonomie d’un groupe d’éponges associées à certains oursins (Eucidaris thouarsii) du nord du Pérou.
Nous quittons Arequipa et après 12h de route entrecoupée encore une fois d’arrêts photo nous arrivons à Puno. Impossible de résister aux beautés du paysage sans ralentir notre course!



Le Titicaca ! Enfin...
Puno ne nous retiendra que le temps d'une nuit, aucun intérêt à plonger dans sa baie tristement polluée. Nous avons prévu plusieurs sites d’explorations: Ccotos, Taquile et l’Ile de Suasi (voir carte). Comme les subsides belges que nous avons reçus ne couvrent pas cette partie de l’expédition nous dépendons de supports locaux, et notamment de la générosité de Martha Giraldo, propriétaire de l’île de Suasi qui nous offre généreusement le gîte. Petite île de 43 ha occupée seulement par la maison de Martha où nous logeons et l’hotel « Casa Andina » qui assure le transport de notre matériel en Zodiac ainsi que le support logistique de nos plongées. Les principaux autres habitants sont les vigognes, alpacas, lamas et viscaches.

A Ccotos, nous sommes accueillis dans une famille de pêcheurs qui nous conduisent à la rame aux sites d’immersions.

Notre première plongée dans le Titicaca se termine d’ailleurs par une séance peu ordinaire. La tranquillité matinale du lac s’est transformée en une tempête lorsque nous étions sous l’eau. A la sortie, houle forte, on se croit en mer, vent et surtout plus de barque… émotion! heureusement nous ne sommes pas loin d'une petite baie abritée. Le palmage en surface pour l'atteindre est pénible, pas trop facile avec le manque d'air. Yuri se fait même une petite crise d'asthme, mais tout se termine bien; les pêcheurs s’étaient mis à l’abri de l’autre côté de l’îlot où nous plongions. Seul moyen de les rejoindre : l’escalade en combinaison étanche.
Mais nous avons trouvé l’essentiel : Balliviaspongia, l’éponge connue du Titicaca. Elle est très abondante, de couleur verte, des algues microscopiques y sont associées (zoochlorelles). Sa morphologie externe varie selon les individus, depuis les formes encroûtantes jusqu’aux formes buissonnantes. Mais surtout, nous trouvons quelques exemplaires de consistance totalement différente. Une nouvelle espèce ? Nous devrons attendre le retour à Bruxelles pour le savoir. Seules des observations au microscope répondront à cette question.


Yuri,
Karem,
Philippe et Yuri qui chauffent dans leur combinaison étanche avant de se mettre à l'eau,

Et Balliviaspongia wirmani, notre princesse du Titicaca !
Et pendant ce temps là, la vie continue ... heureusement d'ailleurs parce que les fameuses grenouilles géantes se font rares. Effet de la température inhabituelle du Titicaca (13°C au lieu des 9°C prévus) ou l'effet de la consommation de ces braves batraciens dont les locaux se régalent...


Au cours de la semaine nous nous habituons aux conditions d’altitude. En effet, les retours en surface ne sont pas toujours faciles, vu le manque de pression d’air à 3.800 m.
Les moyens de transports aquatiques sont variés: à Taquile nous louons les services d'un promeneur de touristes,


... à Suasi, le Zodiac de l'hotel de 'île (là c'est Nelly Mostajo qui a pris la place de Karem,

ou encore la barque à rames de Isidre, gardien de la maison de Martha,

... voire une barque de bucherons qui tombera en panne de moteur au retour. En cause le réservoir d’essence, une bouteille de CocaCola de 2 litres qui ne suffira pas à la longeur du trajet de retour… et bien sur pas de rames à bord ! Seule option, attendre que le vent favorable nous rapproche de la côte où nous finissons par aboutir dans les totoras, roseaux qui servent à construire non seulement des engins flottants, mais aussi la toiture des maisons et les paillasses que nous avons expérimentées lors de quelques nuits.

La fin de notre séjour en altitude se termine par une plongée au Lago Umayo, dominé par les ruines incas de Sillustani. Aucune investigation scientifique n’a été réalisée dans ce lac. Nous sommes les premiers à y plonger. Le trajet en barque à rames est opéré par une gardienne de vigogne que nous persuadons de nous aider,

... en abandonnant sa précieuse productrice de laine attachée à un arbre!

Et là…. Des éponges vertes, de structure différente de celles du Titicaca. Une première qui nous apporte si pas une nouvelle espèce, au moins la première observation de la présence d’éponges dans ce lac qui n’a aucune communication avec le Titicaca. Hmmm un article en vue au retour !